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Soigner le cancer
au XVIIIe siècle. Triomphe
et déclin de la thérapie
par la ciguë dans
le Journal de Médecine
Par DANIEL DROIXHE
En 1760, Diderot s’inquiétait de la santé de Sophie Volland : « Vous vous portez donc bien ? Point de mal au sein ? » Il redemandait peu après : « Il y a longtemps que vous ne m’avez rien dit du bobo. Avez-vous entendu parler des pilules de ciguë ? On leur attribue des prodiges dans toutes les maladies d’obstruction : loupes, glandes engorgées, tumeurs cancéreuses, etc. » Le Viennois Anton Störck venait en effet de publier en latin une Dissertation sur l’usage de la ciguë, remède très-utile dans plusieurs maladies dont la guérison a paru jusqu’à présent impossible.
De France, parvinrent au Jounal de médecine des dizaines d’observations relatant des essais par le nouveau traitement. On les inscrit dans les conceptions générales de la maladie, en relation avec les débats sur l’opportunité de l’extirpation et sur les causes possibles de la maladie : contusion, contanimation, hérédité, facteurs psychologiques. Les « pilules de ciguë » donneront l’image d’un médicament miracle et peu coûteux approprié au marché moderne du collectif, dont l’histoire participe à la « genèse de la clinique » décrite par Michel Foucault.
Par la lutte désespérée ou obstinée que mènent patients et praticiens contre la maladie,
la chronique d’une illusion et de son déclin n’en offre pas moins un singulier livre de vie..
Daniel Droixhe, Soigner le cancer au XVIIIe siècle. Triomphe et déclin de la thérapie par la ciguë dans le Journal de Médecine, Hermann, coll. «Histoire des Sciences», à paraître le 25 août 2015.
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