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Soldats et civils
au XVIIIe siècle. échanges
épistolaires et culturels
FRANÇOIS GENTON et THOMAS NICKLAS (dir.)
Comment a-t-on envisagé la coexistence des sociétés civile et militaire en Europe à l'époque de la Guerre de Sept ans et de la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique? Entre séparation et fusion, ces sociétés ont inspiré des pratiques, des œuvres artistiques et des réflexions politiques de tous ordres. Dans sa contribution, «Les Liégeois engagés de la guerre de Sept Ans (1757), une mise à l’épreuve de l’identité personnelle», Daniel Droixhe se demande comment se traduisirent sur les planches, en dialecte, les relations qu’entretint la population liégeoise avec les armées françaises qui traversaient la principauté durant la guerre de Sept ans et qui procédaient au recrutement de jeunes gens du pays? L’enrôlement, la saignée démographique qu’il provoque, les tensions qu’il entraîne, les ridicules auxquels il donne lieu sont illustrés par deux opéras-comiques wallons, Li voyèdje di Tchaufontaine et Li Lîdjwès ègadjî (1757). Les recrutés – le caporal Golzau et le jeune Colasse – sont des types de «fransquillons» ou de «franchimands» chez qui le dialecte wallon et l’adoption hâtive du français produisent un sabir exprimant une certaine déconstruction de l’identité personnelle et nationale. On envisage les curieuses conditions d’écriture du Liégeois engagé, dû à un auteur, Jacques-Joseph Fabry, qui jouait un rôle d’informateur des troupes anglaises en guerre contre la France mais qui exalte en même temps l’appel à la gloire sous les drapeaux aux fleurs de lys.
Soldats et civils au XVIIIe siècle : échanges épistolaires et culturels, François Genton et Thomas Nicklas (dir.), Reims, Epure, 2016, 276 p.
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